Article de Télérama n°3059, 27/08/08, p51
Les cadres se rebifent - La réinvention du vélo
Longtemps on ne se retourna guère sur son passage. Depuis peu,
la discrète petite reine jouerait bien les coquettes.
Cheval sans sabots, le vélo roule sans regimber depuis un peu
plus de cent ans pour trimbaler l'humanité dans les sentiers.
Comment ne pas l'aimer ? Ecologique, non bruyant, n'exigeant aucune
caresse en retour, le vélo mérite qu'on le
chérisse. D'un point de vue énergétique, son
rendement est meilleur que celui de n'importe quel animal, loin devant
les champions de la faune, martinet et saumon, plus difficiles à
utiliser pour se rendre au centre-ville. A première vue, le
vélo est le meilleur ami de l'homme. Mais l'homme le lui rend-il
? Cherche-t-il à lui donner fière allure ? Hélas,
non. Alors que la voiture voit son design évoluer sans cesse, le
vélo rarement varie. Un ancêtre de 1903 pourra encore
passer inaperçu dans nos rues. Alors, bien sûr, dans les
années 1980-1990 et après un siècle de sommeil,
les vélos se sont diversifiés : mountain bike (futur
VTT), BMX (vélocross popularisé par E.T.), VTC
(vélo tout chemin), vélo de ville. On a inventé
les vitesses, les tubulaires en carbone ou en aluminium, les freins
à disque, les suspensions tous azimuts. En soufflerie, on a
effilé des bêtes de course. On a gonflé de
testostérone des VTT martiaux, au guidon raide comme des cornes
et au dérailleur gros comme des couilles de taureau. Mais les
fondamentaux n'ont pas changé. S'arrête-t-on devant une
reinette garée contre un arbre pour savourer les délices
de sa ligne épurée ? Nenni. Le vélo reste un objet
utilitaire dont on améliore les performances, pas la ligne :
toujours cet éternel losange tubulaire et anguleux pour le
cadre, ce guidon incontournable, ce pédalier ennuyeux, cette
chaîne imputrescible. Les rares contre-exemples, vélo
allongé, inventé en 1924, vélos américains
des années 50 (le Streamline design inspiré par
l'Art déco), font figure d'exception pour collectionneurs. Pour
l'heure. Car le monde de la pédale s'invente peut-être un
avenir. Aux Etats-Unis, les férus de vélos à
pignon fixe (vélos de piste vintage, sans frein ni câble)
forment une société underground soucieuse de
l'esthétique de ses montures. De grandes marques (Decathlon en
France avec son B'twin unisexe, Cannondale aux Etats-Unis avec un VTT
équipé d'une fourche à une branche) lancent des
vélos plus originaux qui rompent avec les canons établis
en 1888 par Henry J. Lawson. La ligne du Vélib', malgré
son guidon pataud et sa couleur fiente de palombe, a aussi le
mérite de tordre la forme originelle de la bicyclette.
Les vélos électriques se mêlent au peloton des
nouveautés (l'e-Solex dessiné par Pininfarina, designer
de Ferrari, le vélo de Matra avec son cadre en titane, à
peine plus lourd qu'un Vélib'), et puis ces concepts plus ou
moins embryonnaires, comme le vélo qui se plie en trois secondes
(Strida 5 d'Unique Industries, 23 cm une fois plié, prix de
l'innovation en 2007 à Taipei), le vélo écolo, en
kit et en bois, des designers néerlandais Basten Leijh, Imre
Verhoeven et Pieter Janssen (il ressemble à la draisienne,
l'ancêtre du vélo, inventée en 1817), le Pi tout en
courbes de l'américain Electrobike ou l'Urban Street de la firme
allemande Cube, autant de prototypes invraisemblables qui pourraient
changer l'aspect de nos rues et le style de nos postiers. Le
vélo est à la mode. Il est temps que la mode
s'intéresse vraiment au vélo.
Nicolas Delesalle
Pour mieux voir : www.sandwichbikes.com, www.cube-bikes.de,
pimobility.com/index.html, www.strida.nl/en et un site d'amateur
éclairé : jolivelo.free.fr.
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Très
heureux d'avoir mon site cité dans un journal comme
Télérama, d'autant plus que le journaliste semble
partager en grande partie mes points de vue.
Ci-dessous, quelques commentaires liés à la parution de l'article.
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Bonjour !
Je viens de découvrir votre site grâce à une
critique dans le dernier Télérama ( n°3059, 27 aout
2008, p51). Il est intéressant de voir comme la mode vélo
suscite de plus en plus de réactions.
J'ajouterais volontiers à votre collection d'images un
vélo au cadre simpliste qui sort vraiment de l'ordinaire. Il
s'agit du "Pi", un vélo à assistance électrique,
à voir sur le site pimobiliy.com
Je me permets aussi de vous envoyer un nouveau logo-vélo  "Altao"
que je n'ai pas vu dans la rubrique concernée. C'est une marque
de l'entreprise Altinnova (http://www.altinnova.com/) qui fabrique du mobilier urbains destiné entre autres aux vélos. Des
stations service spécialement conçues pour les
vélos font partie de leur produits.
bien cordialement
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merci pour les
infos. Le logo Altao est original parce que le vélo avec sa
route sont représentés comme les yeux d'un animal en
perspective. Plutôt sympatique.
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Bonjour,
Ma petite soeur (guide au musée d'art et d'industrie de Saint
Etienne dont un étage est entièrement consacré au
vélo) vient de me faire découvrir votre site. Je l'ai
particulièrement apprécié. Pratiquant le
vélo sous de nombreuses formes depuis pas mal de temps (je n'ai
que 35 ans, mais suis peu descendu de selle depuis mes 8 ans!!!), je
reviens des extrêmes de la technicité du VTT vers
une vision plus sobre, plus esthétique du vélo.
Las des suspensions aux multiples réglages, des gadgets divers
et de l'esthétique douteuse qui en découle, je me
délecte maintenant d'utiliser les vélos les plus sobres
possibles : tubes fins d'acier aux courbes harmonieuses, souvent munis
d'une unique vitesse (y compris en tout terrain)...
J'adhère également totalement à votre vision de
l'esthétique dans le comportement. Je commets chaque jour
maintes entorses au code de la route mais en aucun cas, je ne manque de
respect à autrui ni ne gène quiconque (sauf, comme vous
l'évoquez, dans le cas où je n'aurais pas vu ladite
personne). Pour moi, le respect de l'esprit de la loi est sensiblement
plus gratifiant que la soumission à une loi imparfaite (et qui
ne peut pas l'être, trop d'exceptions seraient à
prévoir).
Depuis quelques années, je m'amuse à construire des
cadres originaux. Jusqu'ici l'originalité tenait plus dans la
fonction (tandems tout suspendus, tandem mixte adulte/enfant,
vélo cargo...) que dans l'esthétique
négligée en tubes d'aluminium taillés à la
serpe et laissés bruts. Plus récemment mes
réflexions vélocipédiques quotidiennes (en quatre
fois onze kilomètres, j'ai le temps de cogiter) m'ont conduit
à un concept de cadre (et d'accessoires associés) qui
combine esthétique et simplicité de réalisation.
Il est encore trop tôt pour dévoiler le projet, d'autant
plus que j'étudie la faisabilité de professionalisation
de cette activité. Toutefois, je me permettrai de vous le
présenter le moment venu.
Encore félicitations pour ce site original.
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Bonjour,
J'ai parcouru avec plaisir votre site. Je me permets d'ajouter quelques petits points de vue.
Je pense que vous pourriez ajouter à l'élégance
visuelle, l'élégance de la manière (vous l'abordez
un peu dans le comportement).
Le vélo est une solution élégante en
elle-même car c'est une solution simple à des
problèmes
simples. Prendre sa voiture pour aller chercher le pain c'est prendre
"une enclume pour écraser une mouche". Tout sauf
élégant, même s'il s'agit d'un cabriolet des
années 60! De même qu'en mathématiques il existe en
général à un même problème une
solution élégante, fine, intuitive et des solutions
analytiques, certes efficaces mais d'une lourdeur...
Aller à vélo au marché pour acheter des
légumes produits localement sans utiliser tout l'arsenal
chimique disponible est infiniment plus élégant qu'aller
en 4x4 au supermarché acheter des produits transformés en
provenance de l'autre bout de la terre...
A contrario, prendre un vélo pour un trajet de cinquante
mètres est moins élégant que faire le même
trajet à pieds... Il y a une notion d'adaptation du moyen
à l'objectif qui relève complètement de cette
recherche d'élégance. La trottinette est une
réponse élégante à de nombreux
déplacements urbains. Plus élégante que la marche
à pieds et que le vélo (qui fait alors figure de mode
lourd, difficile à stationner). Petite et compacte, on monte
vite dessus, on en descend vite, on se fond en douceur dans le flot des
piétons sans les gêner, on la plie, on la range, on la
prend dans le tram, au bureau... Elle permet la position droite qui
vous est chère. On peut d'ailleurs noter qu'une part non
négligeable de ses utilisateurs sont des personnes
élégantes...
De la même manière, choisir un VTT à suspensions
à grand débattement quand on pratique la randonnée
dans l'Orléannais ou la Picardie n'est pas
élégant. J'aurais tendance à dire qu'il est
élégant, en revanche, d'affronter grace à une
bonne technique, les terrains les plus ardus à l'aide d'un
vélo le plus simple possible. Mais je manque
d'objectivité puisqu'il s'agit d'une de mes pratiques favorites
: un cadre et une fourche rigides en acier, un cintre aux formes
courbes (style vélo de ville), une seule vitesse et roule...
Le choix du vélo peut aussi se faire de manière
élégante. Quand on en a les moyens il est nettement plus
élégant de choisir un vélo réalisé
localement par de petits artisans, de choisir des équipements
produits par des entreprises soucieuses d'éthique, que de s'en
remettre à la grande distribution on même simplement aux
grandes marques diffusées en magasins de cycle qui font
réaliser toute leur production à bas coût en Asie
du sud-est. Ces petites marques produisant localement sont de plus en
plus rares (bien qu'on assiste à un certain renouveau) alors
soutenons-les. Parmi ces critères de recherche de
l'éthique on peut citer le respect des employés (un
critère juste me semble être qu'un ouvrier de l'usine de
production puisse avoir dans son pays le même niveau de vie qu'un
ouvrier dans le pays de consommation), le juste prix (de nombreuses
marques bradent leurs produits aux constructeurs de vélos pour
la première monte et se rattrappent avec une marge énorme
sur les produits vendus directement aux utilisateurs), le souci de
protection de l'environnement...
Je vous rejoins sur le fait qu'une attitude respectueuse (et donc
élégante) permet de s'affranchir sans heurts du code de
la route en maintes situations (cela reste tout de même
limité face à certains agents zélés). Il
est sensiblement plus élégant et gratifiant de respecter
l'esprit des lois (à savoir, le respect d'autrui et la
sécurité) que de se plier de manière absurde
à des lois forcément imparfaites. Attendre au feu alors
qu'il n'y a personne est aberrant mais cela choque de nombreuses
personnes qui ne sont pas gênées, a contrario, de ne pas
laisser traverser les piétons qui attendent au droit d'un
passage "dit" protégé. C'est l'attitude que j'adopte au
quotidien : une application très "souple" du code de la route
dans le souci constant du respect d'autrui : ne pas gêner, ne pas
mettre en danger, rester courtois...
(...)
Le
dérailleur : outil très utile mais absolument hideux qui gâche toute la
fluidité d'un vélo. Et je ne parle pas des déraillements, des chaînes
qui s'usent plus vite ou qui cassent à force de travailler en travers,
des câbles qui grippent... Heureusement, on commence à en voir le bout
avec des moyeux à vitesses intégrées de plus en plus performants. Ce
faisant, je renie un peu mes origines stéphanoises puisque Paul de
Vivie dit Vélocio, l'inventeur du dérailleur, était stéphanois. C'est
une belle invention qui a résisté à un siècle d'évolution mais je crois
qu'elle arrive en bout de course. Et puis, quand on habite une ville
plate, ça sert à quoi toute cette quicaillerie? Le mieux est parfois
l'ennemi du bien... Je roule tous les jours par tous les temps avec une
seule vitesse sur un gros vélo de transport (avec lequel je conduis mes
3 enfants à l'école ou transporte des cagettes de fruits...) et je ne
suis pas près de me compliquer la vie avec des mécanismes complexes!
Les
noms des marques : Hirondelle, c'est nettement plus joli que Motobécane
qui est lui même sensiblement plus élégant que MBK. Et que penser de
B'Twin et autres noms anglicisés? On doit pouvoir trouver des noms qui
se lisent dans plusieurs langues et sonnent bien dans plusieurs langues
sans tomber dans l'anglais ! C'est du moins ce que je chercherai à faire
si je parviens à créer ma propre marque puisqu'il s'agit de mon
objectif prioritaire du moment...
Pour finir, quelques détails :
Le VTT à suspensions à grand débattement que vous
présentez n'est pas prévu pour le trial mais pour la
descente. Les vélos et VTT de trial n'ont pas de suspensions
(qui consommeraient une énorme part de l'impulsion de leur
pilote), pas de selle (qui gène les déplacements), pas ou
peu de vitesses, ils sont
très bas, sobres et dépouillés (mais pas esthétiques pour autant).
Enfin, quelques marques belles ou éthiques (surtout du vtt), des
artisans ou amateurs éclairés : Hope, Rohloff,
Blacksheep, Jeff Jones, Vagabonde, Julie Racing Design...
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Merci pour ce commentaire très complet. J'ai corrigé mon erreur sur le VTT.
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Article du site http://velomaxou.sport.fr/
Le vélo, c'est leur dada
En fouillant en peu sur la toile, on trouve de tout sur le vélo.
Des fans en particulier.
C'est ainsi que le
site Jolivélo a choisi de se consacrer à "un
traité de la vélocipédique élégance".
"peut-on
séduire (une fille, un homme) quand on est à vélo
? Attention, je parle de vélo urbain, pas de vélo de
course qui sent la sueur des "forçats de la route", ni de VTT
maculé de la sainte boue de la sortie au bois du week-end." (sic)
C'est un des angles d'approche du vélo, parmi d'autres, qu'a choisi l'auteur, Pierre-Luc Vacher.
Bref, on trouvera un large panorama de réflexions sur l'esthétisme du cycliste et de son vélo.
On l'aura compris,
Pierre-Luc Vacher n'est pas un amoureux de la course cycliste et des
VTT...C'est dommage, parce qu'il exclut, a priori, de son regard tous
"les cyclos de dimanche", même ceux qui n'ont pas
nécessairement "la tête dans le guidon".
Il figurera cependant parmi mes favoris.(...)
Voila de quoi occuper nos journées d'hiver!
Bonne fête de Noël 2009 à tous mes fidèles lecteurs!
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