Ça y est, je
l’ai fait ! Comme pour tout ceux qui s’intéressent
au développeme nt
du vélo, un séjour aux
« Pays-Bas-pays-du-vélo » est
un pélerinage qui s’impose !
Je ne
résiste pas à l'envie de vous décrire le parcours que nous avons suivi
ma
compagne,
notre bébé et moi, entre le 20 juillet et le 20 août 2016. J’imagine
que
les quelques renseignements qui figurent ici seront utiles à
d’autres...
Vous serez peut-être surpris d'apprendre que nous n'avions
que les grandes lignes du trajet, le détail s'est construit au
fur et à mesure; nous savions qu'en partant avec une tente et les
boites de lait pour notre bébé, nous allions pouvoir être suffisamment
autonomes et libres de prendre du temps si besoin.
L'idée était de quitter Paris vers la mer du nord (nous avions un point
de chute à
Dunkerque) puis la longer jusqu'aux Pays-Bas. Une autre option aurait
été de rouler vers Dieppe puis de longer la côte vers Dunkerque car
cette
route semblait agréable et déjà bien balisée avec peu de montées. Mais
finalement
nous avons opté pour la route plein nord vers Dunkerque, moins
touristique sans doute en dehors d'Amiens et de Saint-Omer et avec
plusieurs montées difficiles, mais c'est dans cette direction que nous
avons eu les premières réponses positives pour l'hébergement et ça nous
paraissait plus direct.
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L'itinéraire
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Départ le
20/07 à 17 h de la
maison en vélo à Bagnolet jusqu'à la gare du nord, le
train jusqu'à St Just en Chaussée pour sortir de la région parisienne,
puis 200 km jusqu'à Dunkerque (arrivée le 28/07), via Amiens et ses
hortillons et des coins reculés de
Picardie. 
Puis le long
de la côte pour traverser la Belgique : un surveillant de
plage côté français nous indique qu’on peut passer la frontière
sur la plage à marée basse, ce que nous faisons. Puis les Pays-Bas
(ferry
et digues pour la Zeeland) le long de la route vélo LF1 (National long
distance route voir ici ).
À Leiden nous avons quitté la côte pour bifurquer vers Amsterdam, par
la LF2 le long des canaux.
Le 10 août, mes deux grands garçons (15 et 18 ans) nous ont rejoint en
Thalys. Le temps de louer 2 vélos pour eux dans un lieu cool et trendy
à la fois (ici www.starbikesrental.com
où nous louons des
grands vélos hollandais à freins à rétropédalage) et nous prenons
aussitôt un train jusqu'à la côte
ouest à Driehuis.
De là, nous
poursuivons en vélo le long de la LF1b
(b=vers le nord, a= vers le sud) jusqu’à Den Helder. Un ferry jusqu’à
l’ile de Texel (prononcer Técheul), la 1ère d’une série d’iles qui
ferment la Wadden zee, la mer entre les iles et le continent. 
À l’autre
bout de l’ile, nous prenons un bateau pour l’ile de Vlieland (prononcer
fliland), une ile de sable plus sauvage : on débarque
sur une étendue
de sable que l’on traverse dans un gros camion 4X4 haut perché qui
transporte tout le groupe et les vélos. Ce trajet assez court sera le
plus coûteux du voyage : 150 € à 5 dont le bébé, 4 vélos et la
carriole. Mais c'est
vraiment une aventure avec la traversée des pontons,
le 4X4 de sable !
Nous restons dans cette ile deux jours histoire de se reposer et de
profiter des grandes plages de sable.
Puis, à l’autre bout de l’ile, un
gros ferry
jusqu’à Harlingen. Là, nous prenons des trains régionaux jusqu’à
Amsterdam via Zwolle et
Amesfoort.
Nous passons
trois jours à Amsterdam, installés dans un camping à 8 km
au nord, petite imme rsion
dans cette capitale à taille humaine. Arrivant par le nord, chaque jour
nous passons le grand canal en ferry gratuit vers 11 h et
repartons dans l'autre sens le soir. Nous quittons Amsterdam le 19/08 :
les ados rentrent en Thalys et nous
avec des trains régionaux jusqu’à Anvers
-notre carriole ne rentre pas dans les
cases formatées du Thalys (roues avant démontées,
housse de 120 X 90 cm voir
ici les détails sur le transport vélo en Thalys), puis le 20/08 :
Courtrai, Lille, Amiens, Paris,
Bagnolet.
En tout,
1600 km dont 650 km à vélo, sans crevaison ni autre problème mécanique,
sans grosse difficulté (sans voir aucune tulipe, ce qui tombe bien
car je ne suis pas très fan de cette plante un peu
plastique à mon goût !), et avec du beau temps (sauf 2 jours de pluie),
le vent dans le dos la plupart du temps, et notre petit gars qui s'est
très vite habitué au rythme du voyage.
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Les trajets
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Avec la
carriole et notre bébé de 10 mois, nous avons limité nos
trajets à 30 km / jour, parfois même moins dans les collines de
Picardie où il fallait souvent pousser le vélo à pied. Aux Pays-Bas
nous avons fait 55-60 km sur les routes plates et bien indiquées. Nous
n’avons pas tout planifié à l’avance, d’abord parce que nous ne
maîtrisions pas exactement notre avancée (nous voulions prendre le
temps de
visiter certains sites, des jardins, des panoramas...) ensuite parce
que les requêtes de couschsurfers ne se font généralem ent
pas trop plus
de 4-5 jours à l’avance (avec l'aide du téléphone portable que nous
avions avec nous).
En France, nous avons circulé sur les petites routes,
nous avions pris les cartes IGN 101 et 103 au 1:100000 plutôt bien
adaptées aux vélos jusqu’à Dunkerque.
Les Pays-Bas sont effectivement
très développés côté circulation des vélos : sur les routes, les pistes
cyclables sont toujours colorées en macadam rouge le long de quasiment
toutes les voies. Mais nous avons
plutôt utilisé un réseau de pistes séparées des voitures : un système
de noeuds-points (voir ici par ex. : www.fietsnet.be)
permet de relier tous les lieux du territoire
entre la Belgique et la Hollande (à quand l’extension du système en
France ?). Les sites calculent l'itinéraire et peuvent imprimer une
suite de numéros que l'on peut scotcher sur la barre de son vélo, ainsi
pas besoin de ressortir la carte à chaque changement de direction : il
suffit de suivre les numéros !
À
Amsterdam, les vélos sont partout et c’est vraiment plus qu’agréable et
bluffant de
voir les immenses parkings remplis de vélos, les magasins de location
et ventes de
vélos et d’accessoires, les ateliers de réparation, les vélos de toute
forme des résidents, ou tous identiques par grappes pour les
touristes
(location). Mais c’est aussi très stressant de rouler à plusieurs
dans
les rues pleines de monde, il faut faire attention à l’itinéraire, aux
voitures, à ne pas se séparer aux feux, aux vélos qui doublent, à ceux
qui ne laissent pas beaucoup de place pour se croiser, à la vitesse des
habitués, aux touristes moins sûrs d’eux, aux scooters... J'étais bien
content que toute la famille aie pu s'aguerrir pendant plusieurs jours
avant de rouler dans cette grande ville : au final, aucun accident à
déplorer, juste d'avoir été séparé deux fois en 2 groupes pendant 15 ou
20 mn à
cause des feux.
Reste
à peine le temps d'admirer toute cette belle société cycliste, des
enfants aux plus âgés, qui fait du vélo comme on achète une baguette !
Et les pistes sont tellement lisses et sécures qu'elles profitent aussi
aux personnes âgées en sièges électriques.
Les ferrys sont très faciles à utiliser : les rampes évitent les
escaliers, des barres d’attache permettent de les fixer sur le bateau,
on entre d’un côté, on sort de l’autre (cela évite d’avoir à retourner
le vélo).
En revanche, les trains sont bien moins adaptés : à la gare
d’Amsterdam l’ascenseur n’est pas assez long pour les vélos chargés et
il y a une différence de niveau entre le quai et le wagon. Le pire
était en Belgique entre Anvers et Lille avec le local vélo du train à
près d’un
mètre du niveau du quai. Pour une fois, la palme du train le plus
accessible revient au TER Lille-Amiens où l’accès se fait de plein
pied, les wagons permettent de
rentrer facilement vélos chargés et carriole presque sans avoir à les
séparer. J'ai appris depuis que les hollandais voyagent très peu en
train avec leur vélo : ils ont plutôt un vélo au départ, un autre à
l'arrivée, à eux ou en location (3,5 €/24 h !).
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Rester léger
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Nous sommes
partis sans préparation, presque par philosophie : nous faisons au
quotidien nos trajets en vélo puisque nous n'avons pas de voiture mais
on ne peut pas parler de préparation physique. Nous n'avons pas utilisé
de cuissard cycliste ni tout ce qui resemblait à du lycra ou du fluo :
pour nous le vélo c'est la vie normale alors on ne voulait pas
s'habiller d'une certaine façon pour "jouer" au voyageur. Nous avons
choisi de ne pas nous charger de vaisselle et
de réchaud : nous achetions de quoi manger un repas-sandwich froid/jour
et l'autre repas était pris sur la route (baraque à frites, snack,
petit
restos, marchés...), histoire de partager les spécialités culinaires du
pays, le hareng, les krokets, le fromage (si, si), même si ce n'était
pas toujours réellement diététique. Nous avons rempli deux paires de
saccoches plus un sac à dos sur un des porte-bagages, une cagette
plastique fixée sur l'autre porte-bagage arrière (pratique pour mettre
la nourriture sans l'écraser par ex.). Il aurait peut-être fallu mieux
équilibrer les vélos avec des porte-bagages avant mais on a pu s'en
passer. Nos roues étaient bien gonflées. Avant de partir j'avais
remplacé nos 2 pneus arrière fatigués par des schwalbe Marathon
plus, considérés comme increvables. Mes
garçons portaient leur sac à dos sur leur porte-bagage, ce
n'était pas tout à fait idéal mais plutôt pratique d'avoir chacun leurs
affaires rassemblées. Nous avons pris peu d'habits en misant sur la
possibilité de laver en route, quelques outils de base, une chambre à
air, des freins de rechange qui n'ont pas servi. Nous avions une tente
pour nous dans la carriole et les garçons sont venus avec leur tente
supplémentaire, une tente 2" que j'accrochais à l'arrière de la
carriole (façon roue de secours) car cette tente rapide à installer a
le défaut d'être encombrante.
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Voyager avec une carriole et un bébé
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Notre
carriole est un vieux modèle achetée 5 € à Emmaüs. J’ai retiré
les barres de protection latérales qui l’alourdissent et l'élargissent.
Je n’ai d’ailleurs croisé aucun modèle qui en avait. Pour plus de
visibilité nous avons mis un petit fanion. Sur la route la carriole
suit bien et se fait presque oublier... sauf dans les montées. Dans les
ferrys et les bacs, la carriole passe sans problème et sans billet sauf
pour le bateau entre Texel et Vlieland. En
train, nous avons acheté les billets pour les vélos (6,10 € / vélo /
train) mais pas pour la carriole qui de fait n’était pas officiellement
autorisée : nous répondions que nous ne savions pas et que personne ne
nous l’avait dit et ça passait. Notre bébé de 10 mois est trop petit
pour être attaché aux sangles prévues dans la carriole. Nous avions
testé un cosy fixé à l’intérieur : la coque plastique me rassurait mais
après conseil et nouvel essai nous avons placé un transat, avec
inclinaison variable du dossier : le transat suspendu amorti plus les
chocs de la route et notre bébé s’endormait dès le premier kilomètre. 
Autre avantage : sous le transat nous avons pu charger la carriole des
duvets, nourriture, habits, langes. Nous avions pris 2 jouets
attachés à des ficelles, un 3e libre que nous prenions lors des arrêts,
sans compter le doudou réservé pour les nuits. Nous roulions capote
fermée,
avec un tissu opaque pour protéger du soleil, et avec la protection
imperméable relevée pour maintenir le renouvellement de l’air à
l’intérieur sauf s’il faisait un peu frais avec le vent ou la pluie. Le
bébé pouvait quand même voir sur les côtés. Aux rares moments où nous
avons pu rouler sans le tissu, je pouvais voir ses yeux grand ouverts
et j’en profitais pour lui faire des grimaces auxquelles il répondait
par des rigolades.
Au retour, il avait pris assez d’assurance et de
centimètres pour pouvoir pousser la capote avec ses pieds, signe qu’il
faudrait changer de système pour un futur voyage avec lui.
Notre bébé boit depuis tout petit des biberons à
température ambiante ; comme il est sujet aux régurgitations il a un
lait spécial épaissi : nous avions donc pris 5 grosses boites pour la
durée complète du trajet. La carriole s'est donc vidée petit à petit
;-) Il mange des petits repas à midi et 16 h, toujours à
température ambiante, et nous achetions ses petits pots au fur et à
mesure, quelques fois nous lui donnions des fruits frais écrasés
(bananes ou figues par ex.) et profitions de nos arrêts chez des
hôtes pour lui donner des légumes frais (courgettes...). Depuis sa
naissance, nous lui mettons des couches lavables. Nous en
avons emmené quelques unes en voyage
mais elles mettaient beaucoup de temps à sécher, sans doute à cause de
l'humidité de l'air salé, près de la mer. Nous avons donc fonctionné
avec des jetables la plus grande partie du temps.
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Les nuits |
Nous avons
alterné les nuits chez des hôtes (site www.couchsurfing.com
et https://fr.warmshowers.org qui
est spécialisé pour les cylistes)
et en camping sauvage en France où le bivouac est toléré pour une nuit.
En Hollande où il est illégal, nous avons été dans différents campings,
notamment plusieurs d’un réseau de campings plutôt «
nature
» : www.natuurkampeerterreinen.nl/en
dans lesquels une convention avec les cyclistes prévoit que si l’on
arrive en vélo avant 19 h, le camping ne peut nous refuser une place,
même s’il est complet. De fait, même dans les autres campings, personne
ne nous refusait une place quand nous disions que nous avions un bébé.
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Les rencontres |
Je ne vais
pas détailler ici toutes les belles rencontres que nous
avons faites notamment chez les hôtes qui nous accueillaient :
certaines resteront longtemps gravées dans nos mémoires. Mais je peux
dire tout l’intérêt que nous trouvons à être accueillis chez des
« vrais » gens et à partager des moments de vie quotidienne,
des repas,
une chambre, une salle de bain, des conseils, une vision du monde, la
bienveillance, l'amitié...
La qualité de l’accueil nous a souvent fait
nous poser
des questions sur notre propre façon d’accueillir les voyageurs qui
passent à la maison. |
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Et l'élégance dans tout ça ?
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Nous
n'étions peut-être pas des modèles, avec nos vieux vélos (le mien date
de 1987 !), nos habits et nos bagages dépareillés. Mais avec
l'habitude, il me semble que nous donnions à voir quelque chose de
plutôt cohérent, coloré et joyeux avec la carriole qui se termine
par le petit fanion (cousu dans un coupon de tissu à fleurs par ma
compagne s'il vous plait !). Le seul point d'élégance est le fait de ne
pas avoir utilisé de sacoche avant, que je trouve très moche, bien que
cela contribue à mieux répartir le poids. Mais j'avoue que cela ne
résultait pas d'un vrai choix : tout simplement nous n'avions pas de
sacoche supplémentaire ni de porte-bagage avant. Nous avons au moins apporté l'élégance de la politesse et la bienveillance envers les autres (voir aussi les pages
du site sur ce sujet ici et là).
Par ailleurs, si on reprend les raisons premières de ce questionnement autour de l'élégance : il s'agit de valoriser, par sa propre attitude, l'image d'une personne faisant du vélo pour amener ceux qui n'en font pas ou qui excluent ce mode de déplacement à changer leur regard et envisager l'idée que finalement faire du vélo n'est pas aus si dépassé qu'on le croyait. Or si nous avons privilégié le moindre coût et l'efficacité pour ce voyage, simplement le fait d'avoir fait ce voyage avec nos vélos habituels, sans préparation particulière ni tenue spéciale ou coordonnée par ex. et surtout avec un bébé de 10 mois, nous avons voulu montrer que c'était plutôt facile et à la portée de (presque) tout
le monde... donc contribuer à ce que d'autres qui hésiteraient le
fassent et donnent envie à leur tour à d'autres l'idée de faire pareil.
Du côté hollandais, ce voyage m'a permis de voir de très nombreux vélos
très différents les uns des autres et sans doute ce site web aurait été
différent si je l'avais commencé après un voyage en Hollande. J'en tire
malgré tout une conclusion assez proche de mes intuitions premières :
plus il y a de gens qui font du vélo, depuis tout jeune jusqu'à un âge
avancé, à tout niveau social confondu, la culture générale de l'aisance
et de l'élégance vélocipédique s'accroit. Et voir sans arrêt les
enfants, ados, adultes, personnes âgées, faire du vélo seul, en couple,
en famille, ne peut que donner envie aux autres de faire pareil. CQFD !
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Quelques liens |
photos
de nos vélos en voyage (trains, routes, pistes...) : cliquez ici
blog
d’une famille végane qui voyage à vélo : http://www.enjolivelo.com
autre
blog d'une famille à vélo : https://unefamilleavelo.wordpress.com
un
article sur le tourisme
à vélo dans des pays moins connus
une
liste de blogs recensés sur le site cyclo camping : www.cyclo-camping.international/blogs
le
site http://mytrip.expemag.com
(site Carnet d'aventure) présente de nombreux voyages à vélo
À lire : un article sensible sur le voyage à vélo en famille : "Grandir sur Terre : Voyager en famille autrement et lentement en vélo" - N° 59 de juillet/août 2016 de la revue "Grandir Autrement".
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